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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/162

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refaire la guerre civile… Il fallait choisir : sacrifier en lui l’homme ou le chef… mais sacrifier le chef, n’était-ce pas sacrifier l’homme ?… Et qu’il agît ou restât immobile, le sacrifice était le même peut-être ?…

César s’arrêta. Devant lui, une fillette de Gaule s’approchait. Elle était attentive à ne point oublier ce qu’on lui avait dit de répéter au Proconsul. Sur sa face sérieuse passait pourtant un sourire.

Elle s’arrêta devant César. Grand, maigre, les yeux durs et la face crispée, il regardait ce joli visage adolescent.

Elle murmura très vite :

— Antistius fait dire à César, salut ! La légion est sous les armes, avec Hortensius et Asinius Pollio.

César leva la main et la passa sur son front. C’était la minute fatidique, lorsque les dés sont jetés et tournent encore.

Tout à l’heure, il serait hors la loi. Qui le tuerait recevrait une récompense, et sa tête serait peut-être exposée bientôt sur le Forum Romanum.

Il articula lentement, les yeux fixés sur la petite esclave :

— Va répéter à Antistius : César a dit cinq cohortes légères avec l’épée seule. Qu’elles soient devant le gué sitôt le soleil couché.