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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/167

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la crainte de voir reparaître les jours sanglants de Marius et de Sylla et la certitude que César était un ami du peuple. On ne sait, au surplus, s’il ne songeait pas « faire chanter » le Sénat, et finalement peut-être espérait-il aboutir à une entente avec Pompée. Y eut-il aussi des familiers de César pour tenter de soulever la masse romaine et essayer ainsi de créer spontanément la situation désirée par l’homme du Rubicon ? C’est probable. Même cela seul peut expliquer la fuite de Pompée lorsqu’il quitta Rome avec le Sénat et tous les riches, sauf toutefois le fameux Atticus. Cette fuite dut être fort désagréable à César. Il n’avait plus d’ennemi à Rome, mais tout le bassin de la Méditerranée devenait contre lui une réserve d’ennemis, d’or et de soldats. Ainsi Pompée évitait qu’une émeute, peut-être prévue dans la Ville Éternelle, ne fît le jeu du rebelle. La guerre civile prenait de ce chef l’aspect d’une guerre universelle.

Il semble donc que César, une fois son parti pris de révolte, ait eu tort de ne pas venir à Rome tout droit avec ses soldats, car Pompée ne prit pas la fuite immédiatement. Durant quatre jours, il vécut parmi les gens affolés, qui colportaient mille fausses nouvelles sur la marche du Proconsul des Gaules. Tout ce monde s’agitait sans fruit.