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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/230

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nécessite déjà un intérêt matériel. S’ils sont en plus près de cent, c’est une opération financière. Ferrero, qui sent bien la difficulté d’admettre qu’il n’y ait eu aucune « fuite » à la conjuration, malgré le nombre des adhérents, dit que ces hommes étaient d’élite. Cette explication ne vaut rien. S’il ne s’était agi que de politique, la valeur morale des conjurés en tel nombre n’aurait pas évité que César eût tout connu. D’ailleurs, ce genre de trahison abonde dans la politique romaine. La qualité des hommes ne leur a jamais interdit de vendre ce qu’ils savaient négociable, en l’espèce une inestimable révélation. Rien de plus vénal qu’un patricien romain et même un patricien de tous les âges et de tous les pays. Donc, le fait « d’élite » n’a pas de valeur.

Ce qui lia les membres du complot et les rendit muets, c’est qu’ils jouaient leurs fortunes. Pas de fanatisme ici, mais la dureté et l’implacabilité des manieurs d’argent. Ils ne tuèrent pas le monarque parce qu’ils étaient républicains, mais le démagogue parce qu’il allait attenter à leurs droits les plus sacrés, ceux de maîtres d’esclaves, de créanciers despotes et de propriétaires d’immeubles à loyers. Ainsi s’explique l’assassinat de César. Au demeurant, j’admets fort bien