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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/24

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presque tous les amis de Sylla. Tenace, il faisait face à tous, courageusement, et refusait de quitter Rome, quoiqu’on l’avertît souvent à quel point son existence était en danger. Toute la vie romaine pouvait ainsi se lire dans ce cirque comme sur un rouleau, avec ses groupes serrés ou hostiles, ses violences d’hier ou de demain, ses factions haineuses et même ses débauches. Caïa Publica, la belle amie du puissant Aemilius Scaurus n’étalait-elle pas tout près ses colliers d’or, sa robe brodée de gemmes et des perles plein ses cheveux.

Domitia Œtas, aussi, qui parlait comme un avocat rhodien, se tenait là, les yeux mi-clos sur ses iris de chatte. On la haïssait pour sa façon, nouvelle à Rome, d’étaler avec insolence des amants simultanés. En ce moment, elle coquetait avec un homme froid dont on savait mille crimes infâmes. Son nom courait parmi les rangs, avec des plaisanteries obscènes. Il se nommait Pompeius Strabo. L’air perpétuellement ennuyé qu’il étalait lui valait d’inestimables succès féminins, disait justement devant Aurelia, la belle Citheria, une Grecque odieusement parfumée. Elle conversait à voix haute avec un Romain épais, dont l’encolure taurine faisait presque peur à l’épouse de César. N’était-ce point là, d’ail-