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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/251

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sachant n’avoir à gagner que dans la victoire, et tenus, par les nécessités les plus dures, à garder la discipline et la solidarité entre eux, constituent une force infiniment plus puissante que ceux du pays même, et les défont le plus souvent. C’est si vrai qu’en Italie Hannibal et les Gaulois triomphèrent sur place des Romains qui les défirent chez eux. Nous tenons donc la fameuse campagne des Gaules par César pour une contingence médiocre et sans valeur autre que de pittoresque. De plus, elle dura près de dix ans et ce fut en réalité une longue entreprise de pillage systématique, avec des hivernages de quatre ou cinq mois en Cisalpine, pour que chacun pût se livrer alors à ses caprices. Rien là, comme on voit, de la tragique et redoutable aventure présentée par une tradition qui tient surtout à embellir des actes dépourvus de toute noblesse.

D’ailleurs, la Gaule était parfaitement pacifique, ainsi qu’en peuvent témoigner les convois immenses d’esclaves et de trésors maraudés que César pût acheminer sans révolte vers Rome, à travers le pays. Il faut donc réduire, comme nous l’avons fait, la conquête des Gaules à dix années de ravages et de cambriolages chez des gens qui se défendaient à peine. C’est pourquoi nous n’avons pas cru emboucher pour si peu la trompette épique.