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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/72

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même un temps le redouta, il était resté expert au maniement des masses populaires. César, pour se hausser à son rang, dut longuement combiner plus tard cette entente avec le riche Crassus qui obligea Pompée à accepter le triumvirat. Moins millionnaire que Crassus et moins intelligent que César, Pompée restait fort habile. Il ne s’était point constitué l’estime publique par la seule qualité morale de sa vie et les vertus que lui accorde Diodore de Sicile. Il était cultivé, sans nul doute, et gardait surtout aux yeux du peuple l’attitude la plus profitable, comme firent tant de Romains glorieux, tels Scaurus, Marcus Brutus et Caton d’Utique dont la dignité morale fut toute en surface. Ami et familier de Sylla, il apparaît naturel d’ailleurs que Pompée ait songé à prendre en quelque sorte la suite d’affaires du terrible dictateur. Par malheur pour lui, il demeura toute sa vie nonchalant et indécis, quoique très entêté quand il s’était une fois décidé. Son scepticisme, au surplus, se justifiait. Sylla lui même en se surnommant « Félix », c’est-à-dire « le chanceux », semblait admettre que la réussite politique fût surtout affaire de hasard. Montesquieu, d’après surtout Velleius Paterculus, a voulu expliquer le destin de Pompée par l’orgueil poussé si haut