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Page:Dunant - Un souvenir de Solférino, 1862.djvu/87

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cyprès de la porte St. Jean, jusqu’au Campo Santo, en l’accompagnant à sa dernière demeure, le cercueil de l’officier français, leur hôte de quelques jours, qu’ils pleurent comme un ami, comme un parent, comme un fils, et dont ils ignoraient peut-être le nom !

C’est pendant la nuit qu’on enterre les soldats qui meurent dans les hôpitaux ; on a soin de prendre note, du moins le plus souvent, de leurs noms ou de leurs numéros, ce qui ne se faisait guère à Castiglione.

Toutes les villes de la Lombardie tinrent à honneur de revendiquer leurs droits dans la répartition des blessés. À Bergame, à Crémone, les secours étaient fort bien organisés, et les sociétés spéciales furent secondées par des comités auxiliaires de dames, qui soignèrent parfaitement leurs nombreux contingents de malades ; et dans l’un des hôpitaux de Crémone un médecin italien ayant dit : « Nous réservons les bonnes choses pour nos amis de l’armée alliée mais nous donnons à nos ennemis tout juste le nécessaire, et s’ils meurent, tant pis ! » ajoutant pour s’excuser de ces paroles barbares que, d’après les rapports de quelques soldats italiens revenus de Vérone et de Mantoue, les Autrichiens laissaient mourir sans soins les blessés de l’armée franco-sarde, une noble dame de Crémone, la comtesse *** qui les avait entendues, et qui s’était consacrée de tout son cœur aux hôpitaux, s’empressa d’en témoigner sa désapprobation, en déclarant qu’elle entourait tout à fait des mêmes soins les Autrichiens et les Alliés, et qu’elle ne faisait pas de diff-