Aller au contenu

Page:Dunant - Un souvenir de Solférino, 1862.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mandes aux médecins lombards, aussi le garde-t-on comme interprète. À Plaisance, dont les trois hôpitaux étaient administrés par des particuliers et par des dames faisant l’office d’infirmiers et d’infirmières, l’une de ces dernières, une jeune demoiselle, que sa famille suppliait de renoncer à y passer ses journées, à cause des fièvres pernicieuses et contagieuses qui y régnaient, continuait néanmoins la tâche qu’elle s’était imposée, de si bon cœur, avec tant de douceur et un entrain si aimable, qu’elle était vénérée de tous les soldats : « Elle met, disaient-ils, de la joie dans l’hôpital.» — Ah ! combien eussent été précieux dans ces villes de la Lombardie une centaine d’infirmiers et d’infirmières volontaires, expérimentés et bien qualifiés pour une pareille œuvre ! ils auraient rallié autour d’eux des secours épars et des forces disséminées qui auraient eu besoin d’une direction éclairée, car non-seulement le temps manquait à ceux qui étaient capables de conseiller et de conduire, mais les connaissances et la pratique faisaient défaut à la plupart de ceux qui ne pouvaient apporter que leur dévouement individuel, par conséquent insuffisant et bien souvent stérile. En effet, que pouvaient faire, isolées et disséminées, une poignée de personnes de bonne volonté, vis-à-vis d’une œuvre si grande et si pressante ! Au bout de huit ou dix jours, l’enthousiasme charitable des habitants de Brescia, si véritable cependant, s’était beaucoup refroidi ; ils se sont fatigués et lassés, à de très-honorables exceptions près. En outre, les bourgeois inexpérimentés