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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/309

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nutes d’un temps si fructueusement employé à dépouiller la terre, toujours est-il qu’il restait privé de sépulture et livré aux outrages des animaux.

— L’homme se plaint sans cesse de la mort, — me dit Quirino. — Cependant il est bien rare qu’il succombe à la mort naturelle qu’il redoute, Ce sont les passions qui, presque toujours, nous tuent… Qui sait si, dans un mois, mon corps, si vivace aujourd’hui, ne sera pas, comme ce squelette, un débris hideux ballotté par l’orage dans les solitudes du désert ?

Le Gambusino, après avoir prononcé ces lugubres paroles d’un air calme et assuré, doubla la vitesse de sa marche, afin d’échapper sans doute aux remontrances qu’il redoutait de ma part.

Le reste de la journée n’amena aucun incident nouveau.

Quelques chercheurs d’or que nous apercûmes blottis dans les ravins, furent les seules distractions que je trouvai à la fatigue. À six heures, Quirino s’arrêta.

— Voici notre première étape finie, — me dit-il ; — nous ne nous remettrons plus en route que demain au lever du soleil.

Nous allumâmes un grand feu, et Quirino accommoda notre dîner, qui consistait en une livre environ de tasajo. Depuis un mois, je n’avais pas goûté un