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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/62

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barricade ; il fumait toujours son cigare et son sabre reposait dans le fourreau, seulement sa canne était cassée. — Diable, dit-il en en considérant les débris avec peine, voilà une révolte qui me coûte cher et une perte qui demande vengeance. Dégainant alors, il se précipita furieux sur la troisième barricade ; ses défenseurs l’avaient déjà abandonnée, et le capitaine, pour s’en rendre maître, n’eut que la peine de fendre le crâne à un traînard. Dès ce moment la révolte fut domptée, d’autant plus que les dragons, électrisés par l’exemple de leur chef, s’élancèrent à corps perdu sur les fuyards, dont ils tuèrent une trentaine. Voilà, seigneur étranger, un fait dont j’ai été témoin et qui vous prouve de combien nos troupes sont supérieures à celles de l’Europe, et même du monde entier.

J’étais trop familiarisé avec l’exagération mexicaine, pour que le récit de don Andres Moratin me causât la moindre surprise, aussi me contentai-je de répondre simplement :

— En effet, seigneur, cet exploit est admirable !… Et cet officier vit-il encore ?

— Certainement, señor, me répondit don Andres. C’est un fort élégant caballero, beau joueur, écuyer admirable, et excellent musicien : on le nomme Bravaduria.

— Bravaduria ! répétai-je tout étonné.