Aller au contenu

Page:Duplessis - Le Batteur d'estrade, 5, 1856.djvu/1

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE BATTEUR D’ESTRADE
PAR PAUL DUPLESSIS
CINQUIÈME SÉRIE
Séparateur


DEUXIÈME PARTIE

— suite —

XXII

LE DORMEUR YANKEE.


Ce qui se passait dans l’esprit du marquis de Hallay, nul n’aurait pu le deviner, et lui-même peut-être n’aurait-il pas su le dire. Ses sensations étaient si vives, si multipliées, si contradictoires, qu’il n’essayait plus de s’en rendre compte. Il se laissait aller passivement au courant de ses passions, prêt à obéir à l’impulsion généreuse ou cruelle qui serait la plus forte. Dans cette lutte confuse entre le bien et le mal, entre l’homme et la brute, ce fut la créature de Dieu qui l’emporta. Autant la crise avait été terrible, autant la réaction qui y mit un terme fut soudaine, entière et sincère ; cette espèce d’emportement passionné à réparer ou à reconnaître un mal qu’elles ont été sur le point de commettre, se rencontre assez fréquemment dans les natures perverses énergiquement trempées.

Les muscles contractés de son visage se détendirent, la