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Page:Duplessis - Le Tigre de Tanger, IV, 1857.djvu/131

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moindre trouble dans ma raison. Ma première passion devait naître à Lausanne. Écoutez : c’est un récit bizarre et fatal que je vais vous faire. J’étais auprès d’un illustre exilé, de l’ami de votre père, miss. Sa poitrine, entr’ouverte par le fer de l’assassin, s’emplissait du sang qu’y versait la blessure. Quelques instants encore, et la vie allait s’éteindre en lui. Ce vieillard, dans son délire, parla d’une jeune fille. Je compris, à son langage à peine articulé, qu’elle était belle et pure… Les paroles de la mort créaient en moi une nouvelle existence. Elles me révélaient dans mon âme des mystères que je n’y avais pas soupçonnés avant cette scène solennelle. Je compris que j’aimais, pour la première fois, une femme que je ne connaissais pas ;