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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/118

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ruptibles pensées. Mais Louis écrasa en lui-même, pour ainsi dire, ce soupçon comme on écrase une bête venimeuse dont on vient de sentir la piqûre.

Et comme les idées suivent toujours les désirs, Louis n’avait d’abord imaginé qu’une chose, c’est que Lévise allait revenir, et s’il avait environné ce retour de suppositions pénibles, c’est aussi qu’il vivait dans une perpétuelle défiance de lui et des autres.

Quelques minutes après, il craignait, au contraire, que Volusien ne fût sorti pour empêcher la jeune fille de rentrer. Il se reprocha de n’avoir pas prévu que Volusien serait peut-être seul dans la maison et s’opposerait d’une façon ou d’une autre à ce qu’il revît Lévise.

Louis s’était promis de si grandes joies, il était si bien convaincu qu’il retrouverait sa chère Lévise, qu’il fut désolé et accablé de chagrin de n’avoir pas réussi immédiatement. Il lui semblait que tout était perdu et que le malheur allait être irrémédiable.

À la fin, le jeune homme reprit espoir. La journée n’était pas finie ; Lévise avait le temps de reparaître ; Louis la rencontrerait peut-être en se mettant à sa recherche. N’aurait-il pas dû s’attendre à un pareil retard ? Mais les dévorantes impatiences des derniers jours, les incertitudes accumulées, les craintes criaient en lui et voulaient un prompt soulagement. Non, il ne pouvait attendre plus longtemps ; ses forces étaient épuisées, comme celle d’un assiégé que la famine et la fatigue ont réduit à capituler. Il fallait que Louis revît Lévise dans la journée ! tout de suite !

Il se mit en quête dans les champs. La recherche, la marche, l’ardeur déployée, les illusions qui lui faisaient prendre d’autres personnes pour celle qu’il attendait, le remirent un peu.