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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/122

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Elle hésita et répondit d’une voix troublée :

— Non !

La résistance exprimée par ce non ne parut pas bien forte au jeune homme, mais il lui déplut un peu que la jeune fille ne montrât pas plus d’élan et de joie en le revoyant.

— Enfin, répliqua-t-il, ma maison vous a été désagréable, ma personne aussi, et vous ne vous souciez plus de travailler pour moi. Vous êtes bien la maîtresse de vos actions. Mais alors, pourquoi ne pas s’en aller naturellement, comme tout le monde. Vous m’avez inquiété…

La voix de Louis était émue, presque tremblante.

Lévise soupira et l’arrêta par un sourire navré et plein de doute.

— Je ne viendrai plus, dit-elle, on a trop jasé ! et puis vous êtes un monsieur !

— Je suis un monsieur ! répliqua-t-il, cela vous préoccupe donc bien ! vous êtes plus à l’aise avec le beau Guillaume.

Lévise sembla prête à s’emporter, le rouge lui monta à la figure. Ses yeux devinrent durs sous ses sourcils qui se fronçaient.

— Ah ! on vous a parlé de Guillaume ! s’écria-t-elle, les mensonges ont fait leur chemin.

Puis elle le regarda d’un air pénétrant, et dit lentement :

— Pourquoi êtes-vous revenu me trouver au bout de quinze jours, et pourquoi me parlez-vous de Guillaume ?

Louis vit que la jeune fille ou lui demandait une explication ou semblait vouloir tirer parti de ce qu’il avait baissé pavillon le premier. Ne sachant encore quelles étaient les véritables dispositions de Lévise, il trouva humiliant d’avouer sa faiblesse et répartit assez brutalement :