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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/128

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— Je n’osais pas…

— Comment, vous n’osiez pas ! mais il n’y a pas à vouloir là-dedans, on n’est pas maître de soi…

— Je me comprends bien ! J’avais trop peur de me tromper. Et c’est ce qui m’a le plus fait de mal. J’aurais mieux aimé être sûre que vous ne… pensiez pas à moi !…

Lévise se tut subitement, honteuse de sa hardiesse.

— Est-ce qu’on pouvait donc s’y tromper ? demanda Louis, qui trouvait de grandes délices à toutes ces questions, suivies de réponses si caressantes pour son cœur.

— Vous disiez des choses qui tantôt m’y faisaient croire, d’autres fois m’en ôtaient l’idée.

— Je voulais moi-même m’assurer que mon affection pour vous était forte et ne passerait pas.

— Il n’y a pourtant pas deux manières, pour cela, dit naïvement Lévise.

Mais Louis ne releva point ce propos dangereux qui l’eût entraîné à des explications propres à troubler la candeur de la jeune fille.

— Et quand je vous ai envoyé Euronique, interrompit-il, que vous êtes-vous dit ?

— J’ai cru que c’était fini et que vous ne vouliez pas que je revienne chez vous, jamais. J’ai cru que vous alliez peut-être partir, quitter le pays.

— Euronique ne vous a-t-elle pas compté quelque histoire ?…

— Non, elle m’a dit : Voilà votre compte, vous avez bien fait de vous en aller.

— Pas autre chose ?

— Non, bien sûr !

— Et vous avez pu admettre que je l’avais chargée de vous dire exactement ce que vous me rapportez ?