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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/131

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perte de l’homme. Il jugeait faire un acte considérable de sang-froid et de sagesse, en ayant seulement une toute petite idée de prudence. Tout lui paraissait admirablement organisé et il se trouvait déjà trop de lenteur et de circonspection vis-à-vis d’une chose aussi facile à accomplir que sa réunion définitive avec Lévise.

— Ainsi, dit Louis qui ne voyait plus qu’une chose : la prompte entrée et le séjour de Lévise dans sa maison, ainsi vous aimeriez mieux être tout à fait en service, que de rester seulement une partie de la journée comme ouvrière ?

— Oui !

Louis se sentait emporté en avant. Il l’eût emmenée sur le champ.

Lévise reprit d’un air méditatif et comme si elle se parlait à elle-même.

— Je n’ai pas besoin de consulter Volusien…

— Non, dit aussitôt Louis, vous avez tout intérêt à ne pas rester avec Volusien et à ne pas lui demander conseil, puisqu’il ne sait pas se conduire lui-même !

— C’est Guillaume qui le perd !

Au milieu de l’exaltation où se trouvait Louis, Lévise commettait, sans le savoir, une imprudence en faisant surgir l’image du beau Guillaume entre elle et le jeune homme.

Il sembla à Louis qu’il voyait derrière elle un grand paysan roux et rouge, aux yeux bleus, durs et clignants, pleins de menace et d’astuce, qui réclamait ses droits sur la jeune fille, ses droits de race et de parité. Il vit trouble un instant ; confusément la jeune fille lui parut de connivence dans quelque complot. La crainte le reprit et le rendit visionnaire. Cela ne dura qu’un moment, mais assez pour lui inspirer tout à coup un sentiment