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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/133

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— Je suis très-content, continua-t-il de voir que vous avez confiance en moi !

— Ah ! dit la jeune fille, aujourd’hui, c’est moi qui suis heureuse ! Je vous crois tout à fait.

— Et auparavant… vous hésitiez ?

— Je ne savais pas !

— Mais maintenant, vous « savez » ! dit-il avec ravissement.

— Ah ! j’avais eu bien raison de toujours espérer…

— Quelque chose vous montrait donc ce qu’il y avait entre nous ?

— Non, et oui cependant ! Je m’étais habituée à penser que « cela » pourrait être, je ne puis pas bien expliquer… que je serais si heureuse, si heureuse, si « cela » arrivait !… je faisais tous les jours une prière pour que vous ne partiez pas, pour que vous ne m’oubliiez pas ! et j’ai bien fait, puisque…

Lévise s’arrêta.

— Seulement, reprit-elle avec une sorte d’inquiétude, il y a bien de la différence entre nous…

— Comment ? quelle différence ?

— C’est ce qui fait que j’ai peur que cela ne dure pas… dit-elle en baissant la voix comme si elle n’eût pas voulu entendre la crainte qu’elle exprimait. J’ai peur de vous ennuyer quand vous penserez aux dames de là-bas.

Elle montra du doigt la direction de la ville.

— Ne craignez rien, répondit Louis, vous valez mieux qu’elles. Si elles me plaisaient autant que vous l’imaginez, je n’aurais pas pu m’intéresser à vous. Allez ! vous êtes tout aussi jolie, aussi intelligente, et vous avez tout autant de délicatesse et de bonne grâce que les dames de là-bas !