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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/145

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ception, Euronique regardait de côté les « antiquailles » avec défiance et elle dit à voix basse à Louis, en haussant les épaules : Si ça ne fait pas pitié ! Mais Louis était sûr que, depuis qu’il lui avait vanté le musée, le mépris d’Euronique était simulé.

Cardonchas, à la lueur indécise de sa chandelle n’avait pas reconnu Euronique emmitouflée et cachée derrière lui. Dès qu’il l’eut mieux vue, dans la chambre d’honneur, il prit une mine joyeuse, et comme il aimait les farces, il lui courut sus, lui saisit la tête à deux mains et l’embrassa bruyamment en s’écriant :

— Eh ! bon Dieu, voila ma promise !

Euronique se débattit d’un air effarouché en disant vertement :

— Voulez·vous me lâcher, vieux diable que vous êtes !

— Elle ne sera jamais contente, même quand nous irons à l’église ensemble ! dit Cardonchas.

— Plus souvent que nous nous marierons ! répliqua Euronique persuadée que Louis ne l’avait pas trompée. J’aimerais mieux me sauver en enfer. Il croit peut-être que je viens pour ça, le vieux vaniteux. Tenez, je vais m’en sauver. Il est là qui me regarde avec des yeux ! comme un loup-garou ! il n’a pas honte.

— Vous seriez peut-être fâchée d’être ma femme, n’est-ce pas ? dit Cardonchas, ne faites donc pas la petite bouche.

Cardonchas ne prévoyait pas où Louis allait le mener, grâce à ces plaisanteries qui servaient si bien son petit plan.

— Je suis convaincu, dit Louis, que vous ne demanderiez pas mieux, vous, monsieur Cardonchas, d’épouser « mademoiselle ».

— Pardi, si Euronique veut, moi je suis tout prêt ! s’écria le petit homme enchanté du divertissement.