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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/155

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— Voyons, à quand la noce ? demanda gaiment le petit danseur, dès l’entrée.

— Vous êtes bien pressé, répliqua Euronique ; il n’y a pas que vous, ajouta-t-elle en glissant l’œil du côté de Louis.

— Bon ! arrangez-vous ensemble, dit celui-ci décontenancé.

Le pauvre Louis était comme une âme en peine. Tantôt son cœur était tout gonflé de choses douces, tantôt de choses amères. Il regrettait d’avoir gardé Euronique. Il dit à Lévise qu’il fallait dîner séparément tous trois, et que ce serait un petit sacrifice à faire durant peu de jours. Puis revenant sur la scène de la chambre, il lui demanda :

— Vous saviez bien ce matin que nous devons bientôt n’être plus que deux ici ?

— Oui.

— Méchante ! répliqua-t-il avec un geste d’affectueuse menace. Mais il n’osa pas se plaindre, comprenant qu’il y avait au fond de l’esprit de Lévise une pensée de respect envers son propre amour, qu’elle craignait de détruire.

Quand la jeune fille partit le soir, Louis fut navré.

— Non, songeait-il, ce n’est pas là être heureux ! J’ai trop de dangers à redouter pour elle quand elle n’est plus avec moi. Je ne suis pas sûr du lendemain. Qui me garantit qu’on ne peut la retenir, nous séparer ? Pourquoi ne l’ai-je pas gardée ? Qu’en aurait dit de plus Euronique et tout le monde ? La préoccupation de ces misérables propos peut-elle entrer en balance avec l’angoisse que j’éprouve lorsque Lévise est loin de moi ? Ces ménagements ne servent à rien et me sont odieusement pénibles. Que fais-je, que suis-je ici, seul, dans l’obscurité et le tourment ? — Il se trouvait presque aussi malheu-