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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/164

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presque aussitôt du domaine d’Euronique. Quand il la vit entrer sur le territoire de la vieille, Louis alla les examiner curieusement par la porte entr’ouverte. Il fut enthousiasmé de la tranquillité dominatrice de Lévise. Elle inspecta, arrangea et donna des ordres à Euronique, des ordres ! puis revint à Louis toute glorieuse pour l’informer de ses opérations.

— Il est temps que je prenne soin de tout cela ! dit-elle pleine d’importance.

Euronique n’était plus qu’un vaincu résigné et Louis se serait volontiers figuré qu’il assistait à une victoire épique.

Lévise prit tout à fait le rôle de chef, bouleversant entièrement la maison et bientôt elle devint aussi le commandant de Louis lui-même. Elle lui dit qu’il fallait presser le mariage de la vieille et aller en conséquence stimuler Cardonchas. Enchanté, il obéit comme Euronique, et courut chez le paysan archéologue pour en réchauffer le zèle nuptial. Dans son étourdissement de joie, il mit sa dignité de côté et se chargea des commissions du paysan pour les apprêts de la noce. Il acheta de sa part chez les marchands du village l’anneau d’alliance et une affreuse broche pour attacher la pèlerine de la mariée.

Louis était comme un enfant, il avait une hâte singulière de rentrer afin de raconter à la jeune fille qu’à son tour il venait d’accomplir soigneusement ses instructions.

Lévise demeurait pleine d’une réserve très-juste, très-raisonnable vis-à-vis de lui dans la maison, mais il ne put en faire autant et voulut qu’elle dinât avec lui devant Euronique dont il ne se souciait maintenant pas plus que d’une chaise. Mais Lévise s’y refusa et Louis