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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/199

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— Eh bien, après ! dit Guillaume avec moins de menace, tu savais que Lévise est pour moi ! Il y a qu’elle t’a trompé ou que tu as fait une lâcheté. Il faut que tu t’expliques. Tu le sais, je n’ai pas le caractère si doux que toi. Ça se tirera au clair. Si tu ne m’as pas gardé ta sœur, qui vivra verra.

— On peut se tromper, il faut voir, dit Volusien qui aurait voulu pouvoir se défendre plus carrément contre son compagnon.

— Parbleu ! s’écria l’autre, c’est ce que je veux. Où demeure-t-elle, nous irons. Voyons, pas d’ambages, qu’est-ce que c’est que cet homme ? Va tout droit.

— C’est un petit homme, tout maigre tout chétif, un bourgeois de la ville.

— Il a de l’argent, tu t’en es fait donner.

Volusien jura à son tour, profondément humilié et furieux de ne pouvoir parer facilement les soupçons de son ami.

— Est-ce que j’ai pensé à tout ça ! dit-il, est-ce que tu reviens pour me corner aux oreilles que je suis un coquin et que je t’ai trahi ! J’ai vu qu’elle trouvait son pain, je n’ai pas vu plus loin ! va au diable !

Devant Guillaume, Volusien profita de l’explication toute naturelle qui était donnée à sa conduite, c’était que sa bonne foi avait été surprise. Le désir de se justifier aux yeux de son violent compagnon, qui l’avait toujours dominé, lui donna même la conviction qu’il n’avait nullement favorisé l’installation de sa sœur chez Louis. Et il se persuada en outre que s’il ne l’avait pas empêchée, c’est qu’il n’y avait rien vu de mal. Obligé de passer pour un traître ou un imbécile dans l’esprit de Guillaume, il préférait paraître à toute extrémité un imbécile. Mais l’amour-propre fit qu’il essaya encore de sou-