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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/205

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on y avait donné un coup de merlin. Les autres sautèrent de nouveau sur eux pour les arracher à cette lutte acharnée. La mêlée fut générale : un seul groupe de bras, de jambes, de torses, de têtes qui se baissaient au milieu d’une poussière épaisse et d’un bruit effroyable, roula encore un instant de tous côtés à travers la salle. Enfin on sépara Guillaume et Bagot. Ce dernier avait la tête fendue d’un coup de broc que Guillaume lui avait asséné.

Le braconnier avait le front et les lèvres déchirés. Profitant de leur fatigue, on les fit asseoir. Volusien et Mâcheron gardèrent Guillaume, tandis que le reste des assistants entouraient Bagot auquel on appliqua une serviette mouillée sur le crâne !

Quoiqu’ils pussent à peine parler tous deux, tant leur respiration était précipitée, Guillaume dit : Ça recommencera demain ! et chaque fois que je le rencontrerai ! Bagot riposta : Le voilà revenu, ce brûleur de poudre ! il ne nous assommera pas tous !

Le cabaretier intervint alors avec son glapissement :

— Taisez-vous ! vous êtes des brigands, vous avez tout cassé. Mais, pour l’amour de Dieu, n’allez pas vous vanter de ça. On fermerait la boutique et nous irions tous en prison !

Il donna à boire aux deux adversaires, et Mâcheron voulut prêcher à son tour : — C’est triste, dit-il, de voir des hommes, des frères, se déchirer…

— Frères ! c’est possible ; mais pas cousins ! interrompit Bagot, qui avait conservé la force de railler.

Un éclat de rire presque général scella une trêve décisive.

— Allons-nous-en, dit Volusien à Guillaume, voilà encore une journée qui pourrait te coûter cher.

— Tu es une brute ! répondit Guillaume en se levant