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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/24

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— Eh bien ! dit Euronique, je lui porterai l’ouvrage !

Louis rougit. Il avait déjà combiné que Lévise viendrait travailler chez lui, qu’il s’occuperait d’elle, l’aurait sous sa « protection » ! Il pensa qu’Euronique conspirait contre lui, s’obstinait à l’éloigner de Lévise, devinait son penchant secret et naissant pour la jeune fille et se mettait en travers.

— Mais, dit-il sèchement, je veux que rien ne sorte d’ici et que le travail se fasse sous mes yeux.

La vieille servante le regarda curieusement et lança un : ah ! assez moqueur qui déplut à Louis.

Il fronça le sourcil, plein de dépit qu’on pénétrât si promptement sa pensée.

— On jasera…, continua Euronique sur le même ton railleur, sec et déplaisant.

Louis se fâcha presque.

— Eh ! qu’on jase ! répliqua-t-il ; cette « fille » travaillera ici !

— Dam ! dit Euronique, ce sont les affaires de monsieur. Moi, j’ai parlé pour le bien, mais ça ne me regarde pas !

— Oui, ajouta Louis d’un ton bref, et demain vous irez la chercher.

Il eut à la fin honte de paraître donner raison aux suppositions d’Euronique en lui livrant un combat si vif au sujet de Lévise, et il s’écria de nouveau, pour terminer la bataille :

— Eh ! bien ! laissez-moi tranquille avec cette… personne, c’est vous qui raccommoderez le linge !

Euronique s’en alla en murmurant un petit discours dont Louis n’entendit qu’un seul mot : les enjôleuses !

Et ce fait insignifiant, cette conversation si ordinaire, où il n’était question que de choses peu intéressantes, représentait un événement pour Louis. Tout,