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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/240

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siblement, et il allait y sacrifier sa tendresse pour Lévise dans ce pénible instant, sauf peut-être à faire plus tard, en pleine liberté, ce qu’il voulait refuser, contraint.

Mais ce fut la jeune fille qui vint à son aide. Elle ne savait qu’imaginer pour grandir Louis aux yeux d’autrui. Elle ne voulut pas le voir plus longtemps réduit au silence et obligé de baisser pavillon.

— Eh bien, non ! s’écria-t-elle impétueusement, il ne m’épousera pas ! nous ne sommes pas ses égaux ! — Elle était sincère.

— Ensorcelée, je ne te parle pas ! dit Volusien stupéfait et furieux.

Louis, plein de reconnaissance et d’admiration pour Lévise, se jura sur-le-champ qu’elle en serait récompensée. Il se sentit aussitôt plein de force vis-à-vis du paysan.

— Pas d’insultes ! lui dit-il, vous saviez bien il y a quinze jours que votre sœur entrait ici, elle me l’a dit.

— Je ne savais pas pourquoi ! dit le braconnier embarrassé, mais prenant un ton plus provocateur.

— Votre sœur est-elle venue ici malgré vous, à votre insu ? reprit Louis fortement. Non ! eh bien ! quel droit réclamez-vous maintenant ? Vous avez perdu toute autorité sur elle depuis longtemps. Ce n’est pas votre genre de vie, ni votre bonne réputation, ni vos principes de moralité qui peuvent vous dicter cette démarche. À un brave garçon j’aurais pu répondre oui, mais à vous, je ne réponds même pas.

Louis croyait faire un grand effort de modération en ne le traitant pas plus hautainement. Il ne se contint plus.

— Je considère comme une honte même de vous écouter, ajouta-t-il. Vous êtes poussé par cet autre braconnier, votre camarade. Dites-lui que je me soucie de