Aller au contenu

Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

féroce que celle de Guillaume, il était beaucoup plus pacifique que celui-ci. La prudence le menait par dessus tout. Si Guillaume n’avait pas constamment attisé le feu en Volusien, ce dernier n’eût jamais accompli les actions de la matinée. Il pensait avoir assez fait.

Le beau Guillaume contempla encore un instant son camarade avec la même physionomie cruellement gaie. Il avait du plaisir à le voir en désarroi se débattre sous son insuccès, dans son incertitude, car lui, Guillaume, jouissait à cet instant d’un calme particulier, bizarre, que lui donnait un projet bien arrêté, irrévocablement déterminé et pour l’exécution duquel il ne restait plus qu’à fixer l’heure et choisir tranquillement les meilleurs moyens.

— Enfin, qu’est-ce tu as donc ? demanda Volusien impatienté de ce changement apparent et inattendu.

— Bah ! dit Guillaume, avec une insouciance factice, si tu ne sais que faire, moi je suis plus avancé. J’ai mon plan.

— Eh bien, dis-le !

— Non ! reprit Guillaume, tu comprendras peut-être de toi-même, avant peu. Tiens, viens chasser !

— Tu veux tuer ? dit vivement Volusien.

— Bah, ne t’occupe donc plus de tout cela ! allons chasser ! répliqua Guillaume faisant pour ainsi dire des coquetteries avec son « projet ».

— Mais, dit Volusien, je ne t’ai jamais vu comme aujourd’hui. Tu es décidé à un mauvais coup.

— Viens ou reste, répondit Guillaume.

Volusien le suivit et ils gagnèrent les bois, Guillaume répondant toujours énigmatiquement aux questions de Volusien. Lorsqu’ils furent arrivés sous bois, Guillaume, qui avait pris son fusil, se mit à tirer continuellement