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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/248

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te faire valet d’un autre, n’est-ce pas ? tu vis libre, tu te tiens droit. Eh bien, il faut qu’on dise de toi : voilà un homme qui n’a pas voulu traîner toute sa vie la honte comme une loque. Sa sœur le faisait mépriser et le roulait dans la boue. Il s’est lavé avec du sang. Tout le monde dira que tu es un homme de cœur et on parlera de toi partout. C’est rare, un homme de cœur ! ajouta-t-il avec sa sinistre emphase.

Volusien restait stupide devant ces arguments, chatouillé dans sa vanité grossière, mais troublé de ces idées qu’il abordait pour la première fois, et auxquelles le ton sauvagement enthousiaste de l’autre donnait une puissance pour ainsi dire matérielle.

— Voyons donc, reprit le beau Guillaume dont les paroles sortirent heurtées, fiévreuses, voyons donc, est-ce que Lévise ne te méprise pas comme un goujat ? est-ce que tu lui es quelque chose ? est-ce que si l’autre avait voulu te décharger son pistolet dans la tête, elle aurait bougé ? Et pourtant tu venais pour lui faire du bien, pour lui rendre l’honneur. Si elle le pouvait, elle nous aurait déjà fait mettre en prison.

Volusien tressaillit. Il ne se rappela pas qu’elle avait arrêté la main de Louis à la fenêtre quand celui-ci tenait le pistolet. Peut-être ne l’avait-il pas vue. Mais il se rappela que lorsqu’il se querellait avec Louis elle l’avait repoussé, lui son frère, de son propre bras. Guillaume avait encore, et toujours raison, et l’influence de l’honneur, le grand renom, la gloire de l’honneur resteraient-ils en balance avec la vie d’une sœur coupable de tant de crimes ! une sœur qui détestait son frère contre toutes les lois les plus sacrées, une sœur qui plongeait son frère dans la fange et la risée publique, une sœur qui peut-être souhaitait la mort de son frère ! Et puis,