Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/258

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nonçait à me demander le mariage, j’y aurai vu une facilité à ne point aller au-devant, j’en aurai profité pour me donner une espèce de sommeil voluptueux ! Eh bien ! ma famille se lèvera contre moi et les braconniers proclameront qu’ils m’ont contraint, mais Lévise ne souffrira pas davantage.

C’est alors que Louis s’était levé, mais, par une sorte d’humeur enfantine inhérente à son caractère, il se réservait la joie de surprendre Lévise, en ne lui disant qu’un peu plus tard : Tout est prêt, tu vas devenir ma femme.

Il tenait à lui cacher les luttes inévitables avec la famille, pour qu’elle n’eût pas une nouvelle tentation de les lui éviter en se sacrifiant. Il jugea qu’il la rassurerait et la réjouirait assez en lui promettant qu’on partirait de Mangues. En même temps, son orgueil était tout grondant de ressentiment contre les braconniers et les gens du village qui effrayaient, insultaient et faisaient pleurer Lévise. Il aurait donc voulu à la fois rassurer entièrement celle-ci et ne pas lui laisser croire qu’il cédait à la contrainte de Volusien et de Guillaume. Un projet se dessinait dans son esprit : faire une espèce de démonstration au moyen de laquelle il répondrait à la colère publique et aux menaces, en les irritant, en affirmant hautement qu’il était bien l’amant de Lévise et qu’elle était sa maîtresse. Il ne manque plus qu’il la mène au banc d’honneur à l’église ! avait dit une femme. C’était un défi qui lui dictait ce qu’il devait faire, qui le provoquait, l’aiguillonnait. Après cette démonstration seulement on partirait.

Il lui fallait cette espèce de revanche. Il ne serait content de lui qu’à ce prix.

Louis pensait que le lendemain était un dimanche, un