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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/281

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Volusien ne s’étonnait plus, il était comme stupide et automatique.

Le lendemain, à six heures du matin, les braconniers se postèrent à une centaine de pas de la maison de Louis. Mais rien n’y bougea avant neuf heures.

Les émotions de la journée avaient donné une violente migraine à Lévise. Quant à Louis, il avait été tenu en éveil très-avant dans la nuit par les pensées qui le secouaient. Ils se réveillèrent tard.

Les cloches sonnaient l’appel de la grand messe. Aussitôt Louis fut pris d’une résolution inflexible, rigide. Un ressort de fer l’entraînait vers l’église. Il ne sentait qu’une chose, c’est que s’il survenait un danger, il le dominerait. Mais il fallait qu’il allât là-bas, comme on mange pour vivre, par une nécessité indiscutable.

— Fais-toi belle, dit-il à Lévise.

— Ah ! tu veux aller à l’église ? répondit-elle ayant l’air de demander grâce.

— Tu ne veux pas faire ta prière avant de quitter Mangues ? reprit Louis feignant l’enjouement, afin de ne pas l’effrayer.

En « donnant » le mariage à Lévise, il avait mis fin à un des plus grands combats intérieurs auxquels il avait été livré. Maintenant Lévise devait être satisfaite, elle était hors de cause, elle pouvait bien faire un effort en retour et le soutenir dans la dernière lutte qu’il engageait pour lui-même. Telle était l’impression du jeune homme persuadé qu’il restait le seul blessé, le seul vaincu de toutes ces batailles, le seul qui eût à poursuivre une réparation.

Lévise se dit qu’elle devait le suivre partout. Elle mit ce qu’elle avait de plus beau.

— Je suis prête ! dit-elle enfin courageusement.