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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/289

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— Voyons, reprit-il d’un accent plus bref, il n’y a plus personne !

Elle le regarda avec des yeux si troublés que Louis se demanda si elle perdait la raison. Elle parut revenir à elle-même.

— Où étais-tu donc ? dit-elle plaintivement.

Cette question atteignit Louis au cœur ; ce triste étonnement de n’avoir pas eu son ami, son protecteur auprès d’elle ! En effet il était bien loin d’elle tout à l’heure, quoiqu’à son côté ! Et que lui répondre ? — Je me rachèterai de tout cela, se dit-il.

— Sauvons-nous d’ici, reprit-elle avec l’effroi d’un enfant, pourquoi y sommes-nous venus ? on veut nous tuer, nous sommes perdus !

Louis eut de la peine à l’empêcher de courir jusqu’à la porte. Elle l’entraînait. La porte était masquée en dedans par une petite construction qu’il fallait contourner et qui avait issue sur le porche au moyen de deux autres fausses portes. En arrivant là en pleine lumière et apercevant encore beaucoup de gens rangés sur la place, Lévise fut comme repoussée à l’intérieur par un choc violent. Elle recula. Louis avait vu en même temps les braconniers plantés au haut des marches. On les attendait !

— Pour l’amour de Dieu ! Lévise ! s’écria Louis avec une colère impérieuse, et il la ramena en avant. Il la fit passer avec lui devant les braconniers qu’il frôla presque de l’épaule. Ses sensations étaient curieuses, il pensait que Guillaume pouvait l’assommer d’un coup, les braconniers avaient de gros bâtons, et, embarrassé de Lévise, il était hors d’état de se défendre, il se le disait, et néanmoins il ne craignit pas une seconde d’être frappé. Il sentait qu’on le laisserait passer, et que plus il provoquerait et braverait ainsi par sa seule attitude, plus il en