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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/51

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lorsque je leur parlais de mes soucis. On pourrait vous mettre dans une position meilleure, si…

— Oh ! vous êtes beaucoup trop bon, monsieur, et je vous remercie bien, je ne suis pas malheureuse, dit Lévise avec une timidité douce, mais qui ne ressemblait pas à l’embarras de la veille.

— Mais enfin, c’est votre frère qui vous a ainsi maltraitée !

— Oh ! dit-elle avec une naïveté cruelle pour Louis, cela ne lui arrive que quand il boit trop.

— Mais s’il boit souvent ! dit Louis qui secoua la tête avec colère.

— Oh ! non, ce n’est que par moments. D’ailleurs, il ne s’occupe pas de moi et il fait même ce que je veux !

— Est-ce bien sûr ? demanda Louis, étonné qu’elle ne semblât montrer aucune rancune contre Volusien.

— Oh ! oui.

— De sorte que vous ne lui en voulez pas ?

— Je n’ai pas de raisons pour lui en vouloir. Et puis, ajouta-t-elle avec un accent affligé, on dit aussi trop de choses contre lui.

— Il n’a pas une très-bonne réputation, en effet.

— Eh bien, ce n’est pas juste ! reprit vivement la jeune fille.

— Enfin, dit Louis non moins vivement, de quoi vit-il ? comment gagne-t-il sa vie ?

— Il chasse !

Louis regarda Lévise fixement. Elle détourna les yeux.

— On m’a dit, ajouta-t-il d’un ton bref, que votre frère était braconnier.

— Oh ! braconnier ! s’écria-t-elle, eh bien ! est-ce que je ne rapporte rien à la maison, moi ?

— Vous travaillez pour vous deux, alors !