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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/58

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— Elle est sortie ? dit vivement Louis en courant à la chambre où travaillait Lévise.

Un pressentiment qui lui serra la poitrine lui disait que Lévise, fâchée contre lui, était partie pour ne point revenir. Il s’élança dans la rue, regardant de tous côtés, anxieux, désolé, regrettant amèrement de ne pas s’être découvert davantage à Lévise.

Presque aussitôt la jeune fille rentra. Elle tenait à la main un morceau de pain et un petit paquet enveloppé de papier.

Louis fut soulagé et en même temps profondément touché, attendri. Il se figurait tout à l’heure Lévise se dirigeant chez elle, la tête basse, le cœur plein d’amertume contre l’insolence du jeune homme. Elle s’éloignait pour ne plus jamais reparaître… et voilà qu’elle reparaissait, remplie de résignation et de douceur, ou peut-être bien appréciant les intentions de Louis comme il le désirait.

Il fut touché de ce qu’elle souffrait toujours des mortifications qu’il plaisait à la vieille servante de lui infliger, de ce qu’elle allait manger son pauvre petit morceau de pain, tandis qu’il lui avait destiné de bonnes choses.

Il ressentit aussi une colère plus sérieuse contre Euronique qui tourmentait sa préférée, ainsi qu’il l’appela tout bas en n’osant prononcer un mot qui en dît davantage.

— Qu’est-ce que cela signifie donc ? dit-il violemment à la servante, pourquoi ne faites-vous pas ce que je vous ordonne. Vous ai-je commandé d’envoyer « l’ouvrière » manger au dehors ? Apprêtez tout de suite ce qu’il lui faut, et prenez garde, si vous recommencez encore.

Euronique essaya de regimber.

— Dam ! ce n’est que depuis que l’ouvrière est ici, que monsieur n’est pas content de moi. Monsieur veut sans