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Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/95

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la bouche d’un autre ces offenses. Cependant il lui semblait qu’en ne prenant pas la défense de la jeune fille, il se vengeait.

— Alors, dit-il avec ironie, elle voulait tout dévaliser ?

— À la longue, vous l’auriez bien vu.

— Vous deviez être bien inquiète pour moi !

— Oh ! monsieur, je n’en dormais pas la nuit, « je le disais à tout le monde » !

Que tous les malheurs fondissent sur Lévise, qu’elle fût battue, qu’elle fût compromise, Louis le demandait ; mais pourvu qu’il n’en restât aucune trace pour elle et qu’immédiatement après avoir été châtiée par un peu de douleur, cette douleur fût à jamais effacée et que Lévise revînt tomber dans ses bras.

Aussi les dernières paroles d’Euronique firent-elles tressaillir le jeune homme.

— Je vous défends d’en parler à qui que ce soit, s’écria-t-il.

— Oh ! dit Euronique, je disais que monsieur devait prendre garde !

Louis préféra croire qu’il ne résulterait rien de fâcheux pour Lévise des propos de la servante, il n’y attacha pas d’importance, considérant que l’opinion des paysans ne le touchait pas, puisqu’ils n’étaient pas ses pareils.

Le départ de la jeune fille avait ramené Cardonchas devant l’esprit de Louis. Ne serait-ce pas pour le danseur célèbre que Lévise aurait quitté le jeune homme ? Et, d’un autre côté, l’idée que la plus grande punition de celle-ci pouvait consister en ce que la jeune fille s’éprendrait du grotesque demi-bourgeois traversa le cerveau de Louis.