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Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/102

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sans sentir, de la maison de Mme d’Archeranges, après avoir été jeté du haut en bas des escaliers par le bras brutal de M. du Quesnoy.

Rentré chez lui, plein d’humiliation, de rage, d’impuissance, il décrocha un petit poignard.

Ses tempes battaient à coups redoublés, il étendit sa main sur une table et y donna un violent coup de poignard, le sang jaillit. La main était presque traversée !

Alors il voulut retourner chez sa sœur et montrer cette blessure, ce sang, double châtiment infligé à lui pour avoir faibli, à eux, pour avoir méconnu son courage et sa force d’âme. Il voulait leur crier :

— Voilà l’homme qui a le droit de ne pas souffrir un déshonneur.

C’était le délire d’une âme fière à l’excès.

Dans le premier moment de stupeur, puis d’exaltation, il eut un sourire et agita comme un étendard sa main sanglante. À bas ! à bas ! cria-t-il comme s’il renversait quelque être invisible.

Il s’élança dehors, mais bientôt le sang qui coulait à flots, la douleur, l’arrêtèrent. La tête lui tourna, il se sentit défaillir, appela une femme qui le servait, retrouva la force de revenir jusque dans sa chambre, près de son lit, et glissa évanoui sur le tapis.

Le médecin déclara que la guérison exigerait du temps.