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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/107

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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


de Jacob. Dieu fit mourir son premier mari parce qu’il était un vaurien. Il fit aussi mourir le second parce qu’étant au lit avec sa femme, au lieu d’en agir comme un galant homme, effundebat semen in terras. Ce qui a été d’un fort mauvais exemple, ainsi que le prouve le médecin Tissot dans son livre sur l’onanisme.

Thamar, après la mort d’Onan, se retira chez ses parents. Elle sut que son beau-père Juda devait venir tondre ses brebis à Themna. Elle se couvre d’un voile et pour le raccrocher va dans un carrefour où il devait passer.

Juda la prit pour une fille de joie et, s’approchant d’elle, il demanda à s’amuser. — Que me donnerez-vous ? lui dit-elle. — Un chevreau, répondit-il, et voilà pour arrhes mon bracelet et mon bâton. Le marché fut conclu à ces conditions et le vieux Juda la suivit.

Au bout de trois mois, les habitants de Themna s’aperçurent de la grossesse de Thamar et en avertirent son beau-père Juda, qui répondit : « Qu’on la brûle. » Après avoir ainsi décidé de la mort de sa belle-fille, il vint à la cérémonie du bûcher.

Thamar, avant d’être mise au feu, dit : « Je suis grosse des œuvres de celui à qui appartiennent ce bâton et ce bracelet. » Juda reconnut son gage et dit : « J’ai plus de tort qu’elle. » On ne la brûla point et elle accoucha de deux enfants : de Zara et de Pharès. C’est de ce dernier que descend Jésus-Christ, suivant la généalogie de la famille de Joseph, son père putatif.

Si l’on jugeait de cette histoire comme on juge des histoires ordinaires, on pourrait s’étonner que les Juifs eussent été assez barbares pour faire rôtir une femme enceinte ; mais ceux qui se connaissent