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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/134

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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


virent la perte de l’appétit, les insomnies, les hémorragies, l’amaigrissement, les lassitudes, les suppressions, la prostration des forces, l’embarras de la respiration, l’obscurcissement de la vue, les déchirements d’entrailles, les tiraillements d’estomac, les étouffements, les anxiétés, les défaillances, le dégoût des aliments, et l’ennui de la vie.

Tant de maux réunis altérèrent entièrement les traits et la forme de son visage, et elle enlaidit prodigieusement : son beau front d’ivoire devint jaune, ses dents noircirent, ses paupières s’éraillèrent, ses yeux s’éteignirent, ses joues s’enfoncèrent ; ses mains, naguère blanches, charnues, potelées, colorées et parsemées de vingt petits ruisseaux de pourpre, se desséchèrent entièrement, et ses beaux doigts ne ressemblèrent plus qu’aux longues pattes de ces vieilles araignées qu’on voyait dans la basiniere de la bastille[1]. Une femme morte et exhumée est un objet moins affreux et moins pénible à voir que ne l’était l’infortu-

  1. C’est dans cette tour que fut enfermé Pélisson, ce courageux défenseur de l’infortuné Fouquet.