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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/155

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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


pliant de reprendre son argent : elle ne lui dit que peu de paroles pour le consoler et le congédier.

Dieu, qui aimait Mme de Montcornillon, ne fit que rire de son sacrifice et laissa encore agir les causes secondes : la nuit suivante elle eut un nouveau songe, pendant lequel elle s’imagina avoir épousé Joachim, se glorifiant publiquement d’être Mme Joachim et mêlant sans cesse aux caresses dont elle l’enivrait les tendres noms d’époux, de mon roi, et ses protestations d’un amour éternel.

Entre nous honnêtes gens, le mal de ces songes est qu’ils ne durent pas, et s’ils duraient, me disait autrefois dans sa verte jeunesse le saint évêque de ***, ils seraient, ma foi, préférables à ce qu’on appelle le songe de la vie. Celui de notre veuve se dissipa avec le réveil et son esprit se remplit d’amertume. Les dégoûts et l’ennui s’emparèrent de son âme. La retraite lui devint odieuse, elle tomba dans le découragement. C’est dans ces moments de tristesse qu’elle alla à l’église des Récollets et demanda un confesseur. Celui qui se présenta était un de ces bons religieux qui, à une ignorance profonde, joignent un grand