priant toute la journée et faisant avec moi
et mes deux femmes de chambre ce qu’autrefois
les hommes de Dieu, nos saints patriarches,
firent avec Agar, avec Sara, avec
Lia, avec Rachel, avec Bala, avec Zelpha,
avec Roma, avec Ethura, ce qu’Osée fit avec
Gomer et ce qu’Isaïe fit avec une prophétesse
en présence de deux témoins. — Madame,
faut-il vous parler franchement ? Je
ne connais aucune de ces femmes ; je ne
sais ce qu’elles étaient, si elles étaient de
condition ou de simples bourgeoises, jeunes
ou vieilles, honnêtes ou non, et de tous ceux
que vous m’avez nommés, je n’ai connu que
le père Isaïe. C’était un bon religieux de
notre ordre. Dans sa jeunesse, il avait bien
fait quelques fredaines ; mais l’âge l’avait
mûri ; il s’était rangé à son devoir et il
mourut l’année dernière fort regretté de
tous nos pères. Madame voudrait-elle me
dire dans quel roman elle a trouvé le nom
de toutes les dames qu’elle m’a citées ? —
Dans la Bible ? — Dans la Bible ! cela m’étonne,
il ne doit y avoir dans ce livre
que le nom d’honnêtes femmes. C’est sans
doute quelque mauvaise Bible que vous
avez lue. Ne serait-ce pas la Bible de Calvin ?
— Non, mon père, c’est celle de Cal-
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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON