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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/168

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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


j’ai eu en ma vie de beaux rêves. Moi, le père Bonhomme, moi, qui ne suis qu’un récollet, je rêvai bien une fois que j’étais roi et qu’avec moi j’avais une jolie reine. Il n’en fut pourtant rien. Chacun a ses rêves. — Mais, mon père, si l’ermite que j’ai vu en rêvant venait chez moi, le recevrais-je ? — Oui, madame, recevez-le. C’est une bonne action de recevoir un ermite ; surtout faites-lui bonne chère. Je ne risque rien de dire cela, parce que je suis bien sûr qu’il ne viendra point.

Pendant que Mme de Montcornillon contait ses visions au père Bonhomme, où pense-ton qu’était le jeune marquis de Confolans ? À la chasse et sur les brisées de Tayau relançant un cerf ? Non. Au jeu de paume et le disputant en adresse à tous nos princes ? Non. Autour d’une table de jeu, attendant d’un as ou d’un valet le gain de mille louis d’or ? Non. Au spectacle de Mme de Montesson et applaudissant des deux mains en voyant paraître sur la scène la jeune marquise de Brisai ? Point du tout. Au foyer de la Comédie-Française et prononçant étourdiment sur le sort d’une tragédie nouvelle ? Point du tout. Où était-il donc ? Tout auprès de la jeune veuve.