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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/24

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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH

Mme de Bethzamooth, édifiée de cette résignation à la volonté de Dieu et à la sienne, mène M. de Saint-Ognon à son hôtel, se disant en elle-même : « Une bonne œuvre m’a procuré la connaissance d’un homme de bien, et cette connaissance est certainement la récompense de ma dévotion ; d’où je conclus qu’il y a véritablement un Dieu qui règle tout dans l’univers et surtout dans la paroisse de Saint-Sulpice. »

Lorsque Mme de Bethzamooth et M. de Saint-Ognon furent devant un bon feu et tête à tête, elle entama la conversation par un reproche qu’elle lui fit de ce qu’il n’allait plus à l’assemblée des saints (1). M. de Saint-Ognon ignorait quelle était cette assemblée ; un pieux bavardage le tira d’embarras.

— Je n’ai pas, répondit-il, le bonheur d’être dévot et je ne vais que là où je ne suis pas déplacé. Dans une assemblée de saints, j’y serais comme un profane avec des élus, et Dieu m’en punirait. Il n’aime pas, dit l’illustre Bossuet dans ses Élévations, à voir des boucs avec les anges. Fasse le Ciel qu’au jour du jugement je sois séparé d’avec les boucs et qu’après le triage général des bons avec les méchants j’entre dans la Jérusalem céleste ! heureux d’y être