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Page:Duvernois - L'Amitié d'un grand homme, paru dans Je sais tout, 1919.djvu/56

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JE SAIS TOUT

À Mme Carlingue, il dit :

— Ces enfants vont avoir le salon le plus couru de Paris. Le vôtre, chère madame, car vous serez la mère de la maîtresse de maison et l’on ne s’y trompera pas ; c’est vous qui recevrez, comme vous savez recevoir.

À Bigalle :

— J’ai massacré votre œuvre, mais on se reportera aux Corybantes et la critique me reprochera doucement mon méfait. Votre gloire n’en sera qu’agrandie !

À Lanourant :

— Adressez-vous à moi pour toutes les modifications. Je ne suis qu’un ouvrier et je me plierai à toutes les exigences de votre génie.

À sa femme :

— Tout le monde est d’accord pour estimer que vous triomphez et que, quoi qu’il advienne, votre salon défie dorénavant toutes les concurrences.

Il allait ainsi de l’un à l’autre, versant le baume d’ingénieuses flatteries sur toutes ces vanités blessées. Vers minuit, Lanourant et Bigalle prirent congé de lui.

— Je serai, lui dit Bigalle, le témoin de Lucien. Après quoi, je vous le dis en confidence, je ne sortirai plus qu’une fois par semaine pour aller au cirque. La vraie littérature me paraît avoir trouvé son dernier refuge chez les clowns.

— Et moi, je serai le témoin de Suzanne Carlingue ; il faudra me mettre en habit noir, soupira Lanourant. Je vous accompagnerai au cirque, cher ami ; il n’y a plus que là que l’on joue de la musique qui me plaise.

— Tout va bien ! Tout va très bien, conclut M. Jeansonnet ; ma femme et moi, nous irons au cirque avec vous ; je lui ferai comprendre que les salons passent de mode. Et elle m’écoutera. Nous n’en sommes pas à un miracle près. Le bonheur est entré dans nos foyers. Comme il a eu raison celui qui écrivit : « L’amitié d’un grand homme est un bienfait des dieux. »

— De deux grands hommes, rectifia Lanourant avec modestie.


FIN