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Page:E. Daudet - Le Maréchal de Mac-Mahon, 1883.djvu/17

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conditions dans lesquelles il avait accepté le pouvoir, et le trait mérite d’être mentionné ici. Il offrait des portefeuilles à deux députés qu’il voulait faire entrer dans le ministère et qui hésitaient à lui répondre affirmativement.

« Je vous donne deux heures pour réfléchir, leur dit-il tout à coup.

— Deux heures ! c’est trop peu, monsieur le Maréchal, s’écria l’un d’eux.

— Comment, trop peu ! fit-il vivement ; mais on m’a donné dix minutes pour accepter la présidence ! »

Il n’exagérait rien. On ne lui avait pas laissé plus de temps pour se décider, et s’il s’était décidé si vite, c’est que là comme dans tous les grands événements de sa carrière, il avait compris la nécessité d’accomplir son devoir sans hésiter. La mission que lui confiaient les représentants du pays, il l’acceptait en soldat, se considérant désormais comme une sentinelle dépositaire d’un mot d’ordre et chargée de la défense d’un poste d’honneur.

Pour rendre hommage à la vérité, il faut avouer que la politique ne porta pas absolument bonheur au maréchal. Il ne fut pas longtemps sans se sentir mal à l’aise au milieu