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Page:E. Feydeau - Souvenirs d’une cocodette, 1878.djvu/112

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SOUVENIRS


un plus haut degré que lui encore, la hardiesse de langage à laquelle je me vois condamnée pour conclure.

Il y avait quelque temps déjà que mon cousin s’agitait auprès de moi dans la demi-obscurité de la charmille, m’embrassant, me faisant violence pour me serrer contre son cœur, et tourmentant toujours ma main, lorsqu’une chose que je ne puis prendre sur moi de nommer et de décrire — et cependant Rousseau est allé beaucoup plus loin dans le récit de l’épisode dont je parlais tout à l’heure — une chose dont, jusque-là, dans mon innocence relative, j’avais à peine dû soupçonner l’existence, se trouva soudain sous ma main.

Tout ce que j’en puis dire, c’est que cela se rébellionnait et que son contact me répugnait. Il me suffit de mon instinct de femme, de jeune fille, pour comprendre immédiatement que mon cousin me faisait une grosse injure. Mes sens qui, au couvent, m’avaient un jour semblé tout prêts à s’éveiller, se révoltaient.

Une peur soudaine me saisit. Je crus Alfred

    blesser aucune pudeur, que les choses n’allèrent point tout à fait aussi loin entre nous que les Confessions assurent qu’elles se passèrent entre le catéchumène et le philosophe de Genève. Au moment où mon cousin me pressait le plus et où je commençais à désespérer de ma résistance, je fis subitement un saut en arrière et j’eus la chance inappréciable de rentrer en possession de ma main.