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Page:E. Feydeau - Souvenirs d’une cocodette, 1878.djvu/132

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SOUVENIRS


moi, tu dois te marier dans trois jours et, grâce au caractère de ta mère, je crains bien qu’elle ne t’ait pas préparée à ce grave événement.

— Que voulez-vous dire, ma chère tante ?

— je te demande si ta mère t’a expliqué en quoi consiste le mariage, quels sont les devoirs de la femme, les exigences du mari ?

— Maman ne m’a rien dit du tout.

— Ton père et moi nous le craignions, sachant combien il lui répugne d’aborder certains sujets de conversation. C’est pourquoi nous sommes tous deux convenus que j’accepterai la tâche de la remplacer en cette circonstance.

— Merci mille fois. Je vous écoute, ma chère tante, et vous avoue que je ne serais pas fâchée d’apprendre de votre expérience et de votre bonté comment je dois me comporter.

— Voici ; le sujet est un peu scabreux, mais tu m’excuseras en faveur de mon intention, qui est bonne.

Je voulais me récrier. Ma tante Aurore me coupa la parole.

— D’abord, ma grande et belle fillette innocente, sais-tu quelles sont les différences qui existent entre la femme et l’homme ?

— De quelles différences voulez-vous parler ?

— Tu me la donnes belle, toi ? Des différences physiques, pardieu !

Le souvenir de l’expérience que j’en avais faite