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Page:E. Feydeau - Souvenirs d’une cocodette, 1878.djvu/187

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D’UNE COCODETTE


— Tu vois, je fais tout ce que tu veux, lui disais-je.

Et j’ajoutais bien vite :

— Excepté ce qui m’est désagréable.

Il affirmait que j’avais beaucoup d’esprit. Je lui fis un jour une confession de principes qui faillit le rendre fou de bonheur.

— Malgré la répulsion instinctive que me fait éprouver certain acte que vous aimez trop, lui dis-je un jour, répulsion qui, je crois, provient du souvenir de ma première nuit de noces, je ne puis m’empêcher d’admirer la nature, de trouver qu’il y a je ne sais quoi de grand, et même de touchant, dans l’action de la femme qui ouvre son corps à l’homme qu’elle aime, et qui lui dit : « Sois heureux par moi, et dans moi. »

— Ô Aimée, tu étais faite pour me comprendre ! s’écria-t-il en m’embrassant.

 — Si je me donne autant de peine, me dit-il un autre jour, et si je te tourmente si souvent, il ne faut pas m’en vouloir. C’est que je veux faire de toi, pour ton bien, ce que doit être ici-bas, selon le vœu de la nature, toute jeune et jolie femme : un délicieux instrument de plaisir.

Vignette et dessin de fin de paragraphe