Aller au contenu

Page:E. Feydeau - Souvenirs d’une cocodette, 1878.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
173
D’UNE COCODETTE


Le banquier reparaissait sous l’homme de bon ton.

— Vous vous trompez, lui dis-je en repoussant ses mains. La vérité, c’est que vous n’avez pas su agir avec délicatesse. Il fallait me rendre service, puisque vous étiez décidé à le faire ; mais vous auriez pu ne pas me presser si brutalement. Vous auriez été plus heureux si vous m’aviez laissée vous prouver ma reconnaissance à ma manière et à mon heure.

— En est-il donc ainsi ? s’écria-t-il. Eh bien ! je ne vous tourmente plus. Vous êtes libre. Faites ce que votre reconnaissance vous conseillera.

— Elle me commande de me livrer ! lui dis-je avec force. Et voyez, je me livre. En cet instant, j’avais véritablement la tête perdue. Cet homme, depuis que ses mains avaient touché mon corps, m’inspirait une répulsion insurmontable. Et j’étais renversée sous lui, dans ses bras, à demi nue, cette fois, grâce à sa présence d’esprit et à son adresse.

Je pensais[1] mourir.

Mais alors, Dieu tout-puissant ! au moment où mon maître, après une courte lutte nouvelle, croyait toucher au bonheur, où il y touchait en effet, et où, moi, en fermant les yeux, écrasée,

  1. Variante, ligne 22, au lieu de Je pensais ; lire : Je me sentais.