Aller au contenu

Page:E. Feydeau - Souvenirs d’une cocodette, 1878.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
4
AVANT-PROPOS


plus grande artiste que cette vieille mère nature ! Elle a l’instinct du peintre et celui du sculpteur. Le chimiste, le dessinateur, les fournisseurs de tout genre, sont à ses ordres, et avec leur aide elle créera le galbe chic de la Vénus moderne, à laquelle elle donnera la vie et le mouvement.

Elle sera la Vénus cocodette, en révolte ouverte avec le sens commun. Elle sera la négation brillante des qualités morales et de la beauté plastique attribuées jusqu’alors à son sexe.

La Cocodette est plus élevée que la cocotte vulgaire qu’elle domine de toute la hauteur du rang de son mari. Elle est du grand monde. C’est une grande dame selon les us et coutumes de son temps.

La femme dont nous publions les souvenirs rachète ses travers et ses fautes par une sincérité charmante. Victime inconsciente des circonstances, le récit qu’elle fait de sa vie est un tableau fidèle de certaines corruptions secrètes peu dévoilées jusqu’ici.

Le style clair et élégant de ce livre le place bien au-dessus des ouvrages du même genre. Les situations piquantes ne sont pas amenées à dessein, mais elles ressortent naturellement de l’enchaînement des faits, et les passages scabreux sont heureusement franchis par le talent littéraire de l’auteur.