Aller au contenu

Page:E. Geoffroy Saint-Hilaire - Fragments sur la structure et les usages des glandes mammaires des cétacés - 1834.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
LACTATION DES CÉTACÉS.

Car là, spectacle que l’on ne peut contempler sans chaleur d’âme, là est un amas de formations, d’organes bizarrement modifiés ; mais entendons-nous, bizarrement pour notre esprit, qui n’aper-

    dans la proportion des parties, les différences sont ainsi rangées dans la catégorie des cas nécessaires et conséquens, et n’affectent ni n’étonnent plus au même degré. Or la prévision qui s’en présente à l’esprit, a fait passer d’un excès dans un autre : et parce que ce sont partout de semblables matériaux, lesquels ne sont susceptibles que d’une variation dans des rapports proportionnés, il semble qu’il n’y ait plus dans les choses qu’un fond pour produire de la zoologie et non pour y rencontrer des thèses de philosophie, qu’il n’y ait qu’à constater des faits différentiels pour en déduire des notes caractéristiques à l’usage des espèces et non pour y aller admirer le miracle de l’ingéniosité de la nature ; laquelle décidément produit, avec de mêmes choses fort peu modifiées, de grands et importans ensembles ou systèmes.

    Que l’on n’ait point encore assez réfléchi à ce que peuvent offrir d’études profondes, et aujourd’hui nécessaires, tous ces élémens d’harmonies, et parce que l’on sera resté très en arrière du temps actuel et plus spécial dans les études de description et de classification, l’on se trouverait appelé à plus de sympathie pour des réflexions qui prennent les actes du passé sous leur protection !

    Comment aujourd’hui répugner à dire système cétacéen, s’il s’agit de considérations d’ensemble qui se rapportent aux Cétacés ? Comment une marche rétrograde, où la science est progressive et où les progrès de la science révèlent des convenances harmoniques que n’empêchent nullement les modifications les plus diverses dans le même organe ?… N’est-ce donc rien que l’accord admirable, que l’arrangement systématique qui donne l’essence du Cétacé, que cet état de choses où s’amalgament les données du monde aérien avec celles du milieu aquatique, que l’ensemble de tant de circonstances qui se conditionnent harmoniquement, qui se font tant de curieuses concessions, et que ces œuvres si parfaites et si complètes, où apparaît partout le doigt de Dieu ? Et je n’appellerais pas cela un système à part, parce que le savoir anatomique sera venu plonger dans le détail de ces organisations diverses et qu’il y aura reconnu l’existence de quelques semblables matériaux ! Ce qu’il y aurait eu au contraire à conclure, c’est que plus simples et plus communs que sont ces maté-