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Archétype


1. Dans la philosophie platonicienne, les êtres et les objets sensibles sont les copies imparfaites et périssables des réalités qui subsistent éternellement dans leur essence immuable. Ces réalités originelles, que Platon nomme « idées », sont aussi désignées par le terme d’archétype, qui signifie modèle premier. Déjà mise en difficulté par la critique aristotélicienne, l’explication des choses par le rapport de copie à modèle ne résistera pas à la science moderne, qui élimine toute transcendance dans l’ordre des phénomènes.

2. La notion d’archétype va resurgir dans l’œuvre du psychanalyste suisse Carl Gustav Jung (1875-1961). Disciple dissident de Freud, Jung voit dans les archétypes des dispositions héréditaires à réagir qui structurent l’inconscient collectif. Il y a une grande analogie, selon Jung, entre les instincts (tendances innées et non acquises) et les archétypes. Ceux-ci apparaissent en quelque sorte comme les représentations inconscientes des instincts eux-mêmes ; ce sont des modes de comportement instinctif.

3. C’est dans les images archaïques, dans les symboles véhiculés par les mythes que se révèlent les archétypes. Ceux-ci nous rattachent aux époques originaires de l’humanité et constitueraient encore le fond de notre psychisme.

4. Dans la conception de Jung, les archétypes de l’inconscient collectif concordent avec les fantasmes individuels, avec les symboles qui sous-tendent les images de nos rêves. L’individu est ainsi relié à l’espèce et au cosmos par des liens inaccessibles à la raison, car la source de notre psychisme, l’inconscient collectif, demeure indéchiffrable.

5. Au contraire, pour Freud, la notion d’inconscient col-