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Page:Edmond Mandey La Vierge sensuelle, 1926.djvu/15

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moment. N’attendez pas que le gibier qui a retrouvé sa liberté revienne docilement se mettre à portée de votre fusil.

« Allons, si vous êtes un galant homme, ce que je crois, nous en resterons là. Vous n’êtes pas le mari qui me convient. Moi, il me faut un dompteur.

Elle n’avait pas vu la flamme de désir qui brillait encore dans l’œil de Gérard.

De nouveau il se précipitait vers elle et la prenait dans ses bras :

— Ah ! cette fois, dit-il, tu ne me tromperas pas ! Et tu seras à moi.

Elle se sentit serrée contre lui, emportée. Elle ferma les yeux, prête à l’abandon et cependant, une fois encore, comme les lèvres de Gérard s’approchaient des siennes, elle lui dit :

— Mon chéri, c’était pour t’éprouver ! Je t’aime, moi aussi et je te jure que je serai ta femme.

Mais lui n’écoutait pas.

— Eh bien ! Sois-la tout de suite ! Je t’aime trop pour attendre.

Alors, elle se raidit de tout son être et elle cria :

— Laisse-moi ! Laisse-moi ! Si tu me prends de force, je ne te reverrai jamais, jamais ! Tu m’auras une fois et ce sera tout !

Il la regarda et il se dit qu’elle ne pouvait pas lui mentir.

Respectueux une seconde fois de l’étrange vierge, il desserra son étreinte.

Elle n’eut plus de paroles méchantes. Comme ils étaient sur le point de se séparer, après avoir échangé un dernier baiser :

— Je suis heureux ! dit-il. Et je vais vite annoncer à ma mère et à tous nos amis la grande nouvelle de nos fiançailles.

Elle lui souriait doucement :

— Oui, mon Gérard. Oui, ou du moins attends ce soir. J’irai chez ta mère avec tante Adèle et nous réglerons tout cela.

Il partit, tout joyeux, quoique encore un peu abasourdi de cette aventure extraordinaire.

Restée seule, Laure se laissa tomber sur un fauteuil et se mit à pleurer nerveusement :

— Oh ! le niais ! fit-elle, le niais ! Il n’a pas su m’aimer et me prendre comme je le voulais. Non, ce n’est pas vrai, il ne m’aime pas. Autrement, il ne m’aurait pas écouté, deux fois, deux fois, c’est comme deux soufflets qu’il m’a donnés !