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Page:Edmond Mandey La Vierge sensuelle, 1926.djvu/39

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vii


Le lendemain, Gérard d’Herblay recevait, au moment où il s’y attendait le moins, la visite de son ami Noël Véron, car la Providence des amoureux avait justement mis sur le chemin de la belle Laure le plus intime camarade et le confident du jeune ingénieur.

Gérard était nerveux, préoccupé. Il allait se marier le surlendemain.

— Eh bien, lui dit Noël, tu es dans la joie, heureux fiancé… Tu es impatient de posséder le trésor, l’ange qu’est la toute charmante Éliane ?

Le jeune homme interrompit son ami :

— Pourquoi me dis-tu cela de ce ton ironique ? Tu es sceptique, c’est entendu. Mais, moi, je suis sentimental et j’aime ma fiancée.

— Tu ne l’aimes pas ? Tu l’adores !

— Bien sûr que je l’adore ! N’est-ce pas tout naturel ?

— Diable ! si ! C’est naturel ! Et tu fais beaucoup de jaloux en l’épousant. Je suis certain qué tu ne penses qu’à ton bonheur ?

— Je ne pense pas à autre chose !

— Et c’est ce qui te rend si nerveux ?

— Dame ! C’est un grand changement dans ma vie.

Noël continuait sur le même ton. Il semblait prendre un malin plaisir à exaspérer son ami.

— Il y aura deux grands mariages ce jour-là, à la même église. Et vous risquez fort de vous rencontrer sur les marches… ou à la sacristie avec les époux Duchemin-Harmel.

— Qu’est-ce que ça peut me faire ?

— Tous mes compliments ! Je vois qu’Éliane a complètement effacé dans ton esprit le souvenir de la captivante Laure.

Gérard s’arrêta et regarda son ami :

— Noël ! Tu as tort, lui dit-il, de remuer les cendres du